S.E. de la Gironde – 5 Les stations

Notez qu’aux Chemins de Fer Economiques, on n’utilise pas le mot « gare » mais « station ». Ce terme, dans les grandes compagnies, désigne un petit bâtiment commercial mais sans possibilité de garage (c’est pourquoi ce n’est alors pas une « gare »). Les Ch. de Fer Economiques voulaient peut-être faire apparaître le faible coût de leurs installations, qui, il est vrai, étaient modestes. Mais certaines stations rivalisaient sans difficulté avec bien des gares des grandes compagnies, comme nous allons le voir.

Le titre de cette page a recours au terme de « stations » par commodité, mais nous allons voir plus large. Pour plus de clarté, il nous faut d’abord considérer le vocabulaire utilisé par les Société des Economiques, qui est particulier, et le comparer avec les usages courants :

Société Econom. fonction grandes compagnies et trams fonction
Station « grand » bâtiment voyageurs avec vente de billets, voies pour garer les trains Gare bâtiment voyageurs avec vente de billets, voies pour garer les trains
Halte bâtiment voyageurs avec vente de billets, 1 ou 2 voies pour garer les trains Station bâtiment à voyageurs avec vente de billets, pas de voies de garage
Arrêt petit bâtiment sans accueil voyageurs ni vente de billets, ni voies de garage Halte abri pour voyageurs, pas de vente de billets ni voies de garage.

PLANS DE VOIE

Pour toutes les stations le plan théorique est commun :

  • voie 1 : pour les trains de passage, dans l’axe de la ligne
  • voie 2 : pour le croisement des trains (tous les 10 ou 12 km. seulement, les stations intermédiaires n’en ayant pas)
  • voie 3 : pour la manutention des marchandises, voie longeant le bâtiment de la gare, et donc le quai à marchandises et sa halle

Pour les stations de 1ère classe :

  • voie 4 : voie en impasse, côté cour, pour le déchargement des marchandises encombrantes (industries et forêts)
  • voie 5 : uniquement dans les stations de 1ère classe étant points de départ et d’arrivée des trains, où il faut remiser les machines.

Les stations « hors classe »  ont un bâtiment identique au type 1ère classe, mais disposent de voies supplémentaires selon un plan librement adapté.

Mais ça, c’est la théorie. Par exemple Arès, station de 1ère classe, donc pourvue théoriquement de 5 voies au maximum, a évolué et finira avec faisceau particulièrement important.

Arès, côté sud, dans les années 70. A gauche, un train de wagon isothermes avec un D-4000 General Electric, ex US Army. A droite, des autorails de Dion-Bouton. Au fond, un autre autorail, précédé d’un autobus dans la même livrée.
Lacanau : un faisceau impressionnant. A gauche, derrière le château d’eau, la remise et l’atelier. A droite la voie qui passe le long du bâtiment à voyageurs continue vers Lacanau-Océan.
Plan de la gare de Lacanau-Océan, station de 1ère cl., en 1924, vue depuis le nord (le heurtoir de fin de voie est donc à droite).

Il n’existe pas de quais, mais des « trottoirs » en dos d’âne, réalisés en gravier pilonné, s’étendant sur environ 100 m. tandis que la composition maximale des trains donne des rames de 120 m. au maximum (fin XIXe s.).

LISTE DES STATIONS, HALTES et ARRETS

Lacanau (ville) : en haut, on distingue un alignement de piles de bois et un train de wagon plats.
  • 3 stations hors classe : Lacanau (ville), Hostens, St-Symphorien
  • 10 stations de 1ère classe : Lacanau-Océan, St-Médard-en-Jalles, Arès, Audenge, Salles, Belin-Beliet, La Brède, Bourg-sur-Gironde, Etauliers, St-Ciers-sur-Gironde
  • 9 stations de 2ème classe : Sore, Villandrault, Uzeste, Tuzan, St-Magne, Villagrains, Cabanac, Mios, Lanton, Andernos, Lège, Le Porge, Le Moutchic, Saumos, Ste-Hélène, Salaunes, Eysines, Bruges, Carcans, Hourtin, Naujac-St-Isidore, St-Gervais, Tauriac-le-Moron, Comps-Gauriac, Villeneuve-Roque-de-Thau, Plassac, St-Seurin, Eurans-Carteloup, St-Aubin.
  • 7 Haltes : Beautiran (gare fluviale), Joué, Issac, Devinas, Lupian, Cars, St-Martin.
  • 29 Arrêts : Houaste, Magenta, St-Léger, Laburthe, La Sègue, La Nère, Lamanon, St-Morillon, Aygemorte, Le Bournet, La Saye, Cassy, Mouret-Plage, Saussouze, Lauros, Mistre sud, Mistre nord, Talaris, Le Huga, Grand Courgas, Tronquats, Le Lignan, St-Médard, Le Haillan, Prignac-Larcamps, St-Seurin-Bayron, Fours-Mazion, Bois de Bonin, Les Babinots. Particularité : St-Médard-en-Jalles est pourvue d’une Station de 1ère cl. mais aussi d’un arrêt plus à l’est, portant tous les deux le nom de la commune.

Bâtiments

  • les stations hors classe sont pourvues du même bâtiment et la même halle que les stations de 1ère classe. Excepté St-Symphorien dont le bâtiment et la halle sont de type Midi.
  • les stations de 1ère classe comprennent un vestibule avec guichets et banc à bagages, une salle d’attente, un bureau de chef de station. Le logement est à l’étage.
  • les stations de 2ème classe comprennent une salle d’attente, un bureau de chef de station. Le logement est à l’étage.

Il faut cependant noter que les bâtiments des stations peuvent avoir évolué en raison du succès touristique : sur le Bassin d’Arcachon surtout, d’installations austères, elles terminent en stations pimpantes.

Andernos vers 1900 : station de 2ème classe, le bâtiment est dans son état d’origine. La halle à marchandises est peinte en marron.
Andernos peu d’années après : un abri de quai a été accolé au bâtiment de la station. Le train de voyageurs démontre une excellente fréquentation.
Andernos dans les années 60 : l’abri de quai est devenu une salle d’attente. Tous les éléments en bois sont peints, halle marchandise comprise, fond beige et montants marrons. C’est désormais une « gare » pimpante, digne des destinations estivales ! Le jeune garçon sur le banc est le « fils Audinet ».
  • les haltes : le bâtiment est formé du pavillon central des stations de 2ème cl., la salle d’attente et le bureau sont dans une même pièce, divisée par une cloison en bois de 1,50 m. de haut surmontée d’un guichet et de balustres en bois. Le logement est à l’étage.
Beautiran : le site est une gare fluviale, et bien qu’il s’agisse d’un terminus, le bâtiment est celui d’une halte.
  • les maisons de garde : elles sont constituées du rez-de-chaussée du bâtiment de halte. C’est le logement du garde (chambre et cuisine). Il n’y a évidemment ni bureau ni salle d’attente, la façade côté voie (cuisine) ne comporte qu’une porte vitrée, surmontée du linteau portant le nom du lieu si l’endroit est desservi en tant qu’Arrêt.
Tronquats, à 3 km à l’ouest de Ste-Hélène, ne dessert que quelques maisons éparses. C’est à la fois un Arrêt et un passage à niveau, ce qui explique que le modeste bâtiment de garde arbore à la fois le nom du lieu et un numéro. Il faut noter aussi que c’est un bâtiment pourvu d’une extension (deux travées) ; normalement une maison de garde n’est constitué que de la travée de droite. Il semble n’avoir laissé aucune trace aujourd’hui.

Il faut noter que 36 maisons de garde-barrière avec barrières à manœuvrer ont été construites (12 sur le Blayais, 24 sur le reste du réseau), plus quelques autres là où il y a une affluence temporaire (marchés). Tous les autres passage-à-niveaux sont libres, donc sans barrière ni garde. Par ailleurs, les haltes et arrêts sont a priori établis avec un passage-à-niveau. S’agissant d’un Arrêt, le passage-à-niveau peut-il être sans barrières, la question n’est pas facile à trancher.

Dans les premières années la transmission de messages entre stations se fait par télégraphe, déjà installé sur Le Nizan – St-Symphorien. Mais plus pour longtemps : à la fin du XIXe s. il est en cours d’abandon dans quasiment toutes les compagnies, et jugé inutile et compliqué sur les lignes à plusieurs trains par jour.

Suite : 5 – Les locomotives à vapeur

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