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Les Tramways

LE TRAMWAY DE CADILLAC

Il fut créé par un ingénieur ferroviaire expérimenté, qui avait commencé sa carrière dans la Compagnie du Midi : Emile Faugère.

La gare est située à l’emplacement de l’actuel parking de la Caserne des Pompiers de La Benauge. La ligne est ouverte en 1897, et fait 32 km. de long. Elle est à l’écartement de un mètre, ce qui autorise des courbes plus serrées qu’avec la voie normale, et permet de passer dans les bourgs.

Au bout de trois ans la gestion passe aux mains d’une compagnie qui prend tout simplement le nom de Compagnie du Tramway de Bordeaux à Cadillac. Les locomotives sont baptisées des noms des cours d’eau traversés par la ligne.

TBC MTVS livrée reconstituée

Les premières voitures étaient pourvues de fenêtres à linteaux en arc de cercle, et étaient décorées de filets avec « grecques ». Les conceptions suivantes ont été simplifiées. Une unique voiture du TBC est préservée par l’association MTVS : elle appartient à la dernière série, mais a été peinte selon la livrée des premières années. Après retouche numérique, cette voiture est montrée ici avec la livrée qu’elle portait réellement à la fin du TBC.

Les 39 voitures furent construites par Dyle et Bacalan, et parmi les wagons, 31 furent construits pas Dyle & Bacalan.

Les haltes desservies étaient, à partir de Bordeaux : Gare de Bordeaux-Passerelle, Monte-Cristo, Collines, La Tresnes, Camblanes, Quinsac, Esconac, Cambes, Beaurech, Tabanac, Le Tourne, Langoiran, Lestiac, Paillet, Rions, Béguey (facultatif). Il fallait deux heures pour effectuer le trajet, ce qui était bien plus rapide que par la route. Le fonctionnement de ce tram, après la première guerre, devint assez étrange : le Conseil Municipal de Bouliac se plaint auprès du Préfet de ce que le tram partant « de Cadillac à 5h00 n’arrive à Paillet qu’à 6h15 pour faire 6 km ».

Le Tramway de Cadillac connaissait certains succès : circulations spéciales pour les fêtes, les excursions, les élections… les dimanches et fêtes circulait le « train des théâtres » qui partait de Bordeaux à 0h30. Au Printemps circulait le « train des pois », acheminés de la vallée de la Garonne vers le Marché des Capucins.

En 1930 une ligne d’autocars est mise en place, tandis que le Tramway augmente ses tarifs ! Le Conseil Général ferme le tramway en 1935.

LE TRAMWAY DE CAMARSAC

La ligne, à voie normale, est ouverte en 1900 par la Société générale des Chemins de fer Economiques de la Gironde sur une longueur de 16 kilomètres. C’est pourquoi les bâtiments (gares à chaque extrémité) et le personnel (chefs de gare et chefs de train) sont typiquement ceux d’une compagnie de chemin de fer. Et si le train roule en accotement routier ou parfois sur la route elle-même, c’est en totale conformité avec les usages de l’époque pour les lignes de campagne les plus modestes. Mais anticipant déjà sur le devenir de cette ligne, pour les bordelais et les riverains, c’est dejà “le tram” !

A cette époque la ligne est dotée d’une gare marchandise située à Floirac, cours Gambetta, peu avant la côte de Monrepos. A l’autre bout, la gare de Camarsac est semblable à toutes les gares des Chemins de Fer Economiques, avec sa halle marchandises en bois accolée au bâtiment voyageurs (avec logement pour le Chef de gare), son château d’eau et, fait exceptionnel, un grand bâtiment servant d’atelier et de remise des machines.

La ligne dessert : Monrepos, Cornier, Artigues, Tresses-Mélac, Tresses-Carignan, Lapierre-Carignan, Les Bons-Enfants, La Maison-Rouge, Bonnetan, La Planteyre, Les Sept-Frères.

En 1913 la concession est confiée aux TEOB (tramways de Bordeaux), mais la guerre retarde le projet. En 1917 l’exploitation est réduite à trois trains aller et retour par jour. En 1923 les TEOB prennent en main le tramway : ils électrifient la ligne y font circuler leur propre matériel. Malgré cette modernisation la ligne est finalement fermée en 1949.

Il subsiste une voiture de ce tramway. Ses caractéristiques sont conformes à celles du matériel en usage à cette époque sur les autres lignes des Chemins de Fer Economiques de la Gironde. Il s’agit d’une voiture-fourgon construite en 1923, 1ère classe à l’origine, modifiée en 1948 par les Ateliers de Lacanau-Médoc, et transformée en 3ème classe en 1952 avec bancs en bois latéraux. Cette voiture fut récupérée par l’Association Bordelaise des Amis des Chemins de fer (ABAC) ; mais confrontée à des difficultés de terrain elle en fit don au Train Touristique de Guîtres. Bien que cette pièce unique soit d’un réel intérêt patrimonial, sa restauration n’est toujours pas à l’ordre du jour.

LE TRAMWAY DE BEYCHAC ET CAILLAU

Réclamée en 1902 par un syndicat de riverains, la ligne fut confiée l’année suivante à Messieurs Ortal fils et Lagueyte.

Ortal rencontra plusieurs difficultés : en 1906 il y a pénurie de rails à ornière en raison de la demande en milieu urbain ; Ortal voulut récupérer un stock inutilisé, mais cela lui fut refusé. En 1907 la Compagnie du Midi bloqua la création d’un croisement sur le passage à niveau de Cenon pendant un an ! Par ailleurs le Préfet autorisa Ortal à faire circuler ses trains de travaux, mais en imposant une étrange limitation de vitesse à… 6 km/h !!!

Aux deux passages à niveau de l’avenue Thiers le tramway coupait les voies de chemin de fer selon un dispositif connu, qui faisait passer le roues du tram entièrement par dessus les rails. Un autre système permettait, au second passage à niveau, de faire croiser la caténaire du tram (750 v.) et celle du chemin de fer (1.500 v) ; mais une fausse manœuvre coûta un jour un moteur à la compagnie de tram…

L’exploitation commença en 1908. Les voitures n’étaient pas chauffées en hiver… Le tête de ligne se trouvait sur l’actuelle Place Stalingrad, mais la gare de Bordeaux se trouvait au pied du Pont Bouthier, là où se trouve l’actuelle salle de sport, et possédait, chose très intéressante, un raccordement avec le réseau du Paris-Orléans via une plaque tournante.

Sur la Place du Pont une très modeste gare avait été installée : il s’agissait d’un pavillon en bois avec salle d’attente et bagagerie pourvue de deux voies permettant le croisement des tramways. Cette capacité de garage permettait légitimement de donner à cette station le nom de “gare”, mais le minimalisme de l’installation rend abusif son inclusion parmi “les gares” de La Bastide, comme on l’entend quelquefois.

Ce tramway fut dès le départ doté de la traction électrique, technique qui était maîtrisée depuis 1900. Il empruntait la côte des Quatre Pavillons pour se rendre jusqu’à La Poste où se trouvait son dépôt (photo). Puis la ligne fut prolongée jusqu’à Beychac-et-Caillau, soit une longueur totale de 16 km. Les haltes desservies étaient : Pichot, Les Gravières, Quatre-Pavillons, Moulinat, Artigues, Yvrac, Lauduc, Lort, La Lagune, Montussan, La Poste.

Les redevances versées aux T.O.E.B. étant trop élevées, l’exploitant finit par vendre ses installations et équipements à la compagnie bordelaise en 1913.

Le tram était fréquenté en semaine par les fermières de Montussan qui vendaient leurs produits au « Marché Royal » de la place des Salinières. Le dimanche, les bordelais montaient pique-niquer dans la campagne ou manger dans des restaurants de l’arrière pays bien connus des gourmets. Plus rarement il transportait aussi des moutons venus du Béarn, pour leur hivernage, avec leurs bergers (voyage sans doute facilité par la plaque tournante dont il est question plus haut). Un train saisonnier fut même instauré en 1927 pour alimenter le Marché des Capucins avec les productions maraîchaires situées le long de la ligne. Il transporta aussi de la farine et du grain. En 1941 la tram convoya du vin en barrique, poussant les bordelais à aller acheter du vin en vrac aux producteurs riverains de la ligne. Cette circulation fut surnommée « le tramway des cantines ».

Malgré le succés rencontré, le Conseil Général mit fin à ce service dix ans plus tard (!).

Parmi le matériel roulant il faut particulièrement remarquer trois motrices construites par les usines Carde, à La Bastide. Et pour l’anecdote, il faut noter l’existence, au tout début du tram, de « remorques d’été », aux côtés ouverts garnis uniquement de rideaux, assez ressemblantes aux baladeuses qui équipèrent le tramway de Royan.