S.E. de la Gironde – 8 Les voitures

Les voitures les plus anciennes de la Société des Chemins de Fer Economiques de la Gironde furent celles qui équipaient la ligne originelle du Nizan à St-Symphorien. Il s’agissait de trois voitures d’un type très primitif : les fenêtres des 2ème et 3ème classes était fermées par des rideaux en toile cirée.

Le 28 mai 1881 la concession de la ligne passe aux mains de la Société des Economiques qui est alors équipé de voitures dites « type Gironde ».

Les voitures dites « Gironde »

34 exemplaires furent construites de 1883 à 1885 par Dessouches et David à Ivry. D’une longueur de 8,43 m. hors tampons, elles étaient à compartiments et portières latérales. L’éclairage intérieur était fourni par des lampes à pétrole de type Midi.

Les compartiments de 1ère classe avaient droit à des sièges de type canapé molletonné gris et parois de même, des rideaux enroulables, et le sol était couvert d’un tapis. Ceux des 2ème classe avaient des sièges à coussins, des rideaux enroulables, et le sol était couvert d’une toile cirée. Ceux des 3ème classe étaient aménagés avec des bancs en lames de teck et des rideaux coulissants.

  • Les voitures ABC : numérotées de 101 à 112, elles offraient (de gauche à droite dans le plan ci-dessous) : 2 compartiments de 2èmecl. à 10 places chacun, 1 compartiment de 1ère classe à 8 place,  et 1 compartiment de 3ème classe à 10 places. Ce dernier sera longtemps utilisé pour le service de la Poste, étant équipé d’une tablette et de coussins, jusque vers 1910 / 1920.

    Sur la ligne du Blayais, le nombre de places en 2ème cl. devint insuffisant peu avant 1900, et le compartiment de 3ème cl. passa en 2ème cl., et ces voitures devinrent donc AB.
  • une voiture AB n°161 est construite en 1904 par les usines Gustave Carde à Bordeaux Bastide pour la ligne de Lacanau (ville) à Lacanau-Océan, dans un style très proches des voitures Gironde. Deux exemplaires s’y ajoutèrent  vinrent très tardivement puisque fournies en 1947, construites par la CFMCF à Ivry pour les Ch. de Fer Economiques de la Haute-Marne, mais qui seront donc livrées au réseau girondin.
  • les voitures de 3ème cl. étaient à 5 compartiments à 10 places, équipés de bancs en lames de teck. Seules les portières latérales étaient pourvues de vitres.
    – les voitures  C-301 à C-310 étaient sans frein.
    – les voitures Cf-601 à Cf-612 étaient avec frein, donc équipées d’une vigie fermée par une tôle et une toile.
  • les usines Carde construisirent un exemplaire très proche pour les ligne de Lacanau à Lacanau-Océan, numérotée C-361.

Ci-dessus, voitures  destinées à la ligne Lacanau (ville) – Lacanau-Océan (annotations au verso de la photo). En conséquence ce serait des constructions Gustave Carde. On remarque que seule la voiture du fond, dépourvue de fenêtres, correspond au type 3ème cl. Les deux voitures plus proches correspondent au type 2ème cl., mais portent des marquages de 3ème cl., probablement suite à un déclassement. Vues à St-Symphorien le 7/08/1955.

Ci-contre, photo prise à bord de la C-361 en gare de Lacanau-Océan le lundi de Pentecôte 1906. Le contrejour est inévitable, puisque la lumière ne rentre que par les portes, cette voiture étant dépourvue de fenêtres. (archives familiales © coll. Alain Cassagnau).

Plusieurs voitures ont connu des destinées particulières :
– la Cf-601 fut équipée, à titre d’expérience, d’un couloir latéral
– la Cf-611 dont la vigie reçut deux portes latérales et qui fut ensuite détruite le 1/01/1920 et remplacée par une voiture ex-P.O. qui reçut le même numéro (voir plus bas).
– plusieurs voitures dont les vigies devenues inutiles furent supprimées
– les usines Carde construisirent en 1904 une voiture à portière latérales pour la ligne Lacanau à Lacanau-Océan, numérotée Cf-661.

Toutes les voitures reçurent l’éclairage électrique vers 1927, mais seules les 301, 304, 308 et 309 furent pourvues d’une génératrice.

Sur le Blayais plusieurs voitures furent équipées de chauffage à vapeur et du frein Westinghouse : les AB et ABC 103, 106, 110 et 111, et C 304, 305, 306n, 308 et 310 ; Cf 606, 607, 610 et 612. Les autres passèrent en conduite blanche.

Les voitures type Nizan

En 1882 les antiques voitures de la ligne du Nizan furent remplacées par trois voitures mixtes de 1ère, 2ème et 3ème classe, à accès par plateformes d’extrémités, construites par Léon à Labouheyre, numérotées ABC 121 à ABC 123, de 9, 22 m. de long (hors tout).

Ces voitures comportaient un grand compartiment de 3ème cl. à 40 places disposées en banquettes longitudinales, un compartiment de  2ème cl. à 6 places, et un compartiment de 1ère cl. à 6 places. En 1900 elles avaient été peintes en vert (la livrée précédente ne semble pas connue). Le lot inclue également deux fourgons dotés d’un compartiment de 3ème cl., renumérotés Df 821 et Df 822.

La voiture n°121 est devenue une voiture de service intégrée au train de chantier, ce qui lui a valu une longévité particulière.

Très mauvaise photo, mais qui a le mérite d’exister, d’une voiture de la ligne originelle Le Nizan – St-Symphorien. Avec leur plateformes d’extrémité, elles ressemblent à celles de Camarsac, mais en beaucoup plus long .

Les voitures Charente

En 1899 sept voitures à portières latérales, à châssis en bois, initialement livrées en 1867 à la Compagnie des Charentes, sont achetées au Réseau de l’Etat.

  • voitures mixtes : 3 voitures AB-131 construite par Gargan, ABf-141 et ABf-142 construites par Delethez. Elles étaient à l’origine à 4 compartiments de 2ème cl. (total de 20 places). 2 d’entre eux  ont été fusionnés et transformés en 1 seul compartiment de 1ère cl. à 10 places dont 2 fauteuil longitudinaux. Ces voitures furent détruites en 1913 pour vétusté.
  • voitures de 3ème cl. avec frein : 4 voitures Cf-621 à Cf-624, à 5 compartiments de 10 places chacun, et  vigie de serre-frein, châssis en bois, construites par Gargan. Ces voitures ont été détruites en 1906 et 1908, mais la 621 a été transformée en fourgon à bagage numéroté Df-871.

Les voitures du Métro de Londres

L’augmentation du trafic vers Lacanau-Océan obligea la S.E. à louer des voitures à la Compagnie du Midi et au Réseau de l’Etat, à tel point que ces compagnies ne purent suivre la demande. A Londres, le Metropolitan ayant électrifié son réseau en 1905 et 1906, mit en vente ses anciennes voitures à portières latérales construites entre 1882 et 1885 par Darnall RY Carriage ainsi que Brown Marshalls an Co Ltd.

Un premier lot de 7 voitures arrivent à Lacanau en mai 1906 et sont transformées de 2ème en 3ème classe. Un deuxième lot de 9 voitures de divers types arrivent au mois de novembre de la même année. Elles semblent équipées de bogies, mais en réalités les quatre essieux sont fixés directement aux longerons du châssis. Elle font 12,02 m. de long (hors tout), et offrent 80 places.

Un « patronnage » bordelais en correspondance à Facture, en attente de départ vers Arès à bord d’une ex voiture du Metropolitan.

Ces voitures circulaient sur les trajets Bordeaux – Lacanau-Océan et Facture-Arès, mais un exemplaire fut affecté vers 1947 à un train mixte voyageurs-marchandises entre St-Symphorien et Langon.

Ces voitures étaient très appréciées pour leur confort, et restèrent longtemps emblématiques du trajet Bordeaux-St-Louis à Lacanau-Océan. Mais cela n’empêcha pas qu’elles soient toutes détruites en août 1965 à Lacanau. ll y eut un projet de sauvetage pour rapatriement en Angleterre, mais il ne put être mené à bien.

Voiture ex Metropolitan, devenue BC 272 sur la S.E. Vue à Lacanau en 1960, en compagnie d’un wagon désherbeur.

Voitures Riquet

Huit voitures construites par les chantiers Riquet, à Toulouse, sont achetées aux alentours de 1922 et 1923. Il s’agit en fait de modification de wagons couverts du PLM (boîtes à essieux de 1898). Elles sont à couloir central est les accès se font par portes d’extrémité. Leur longueur était de 11,12 m. hors tout.

  • voitures mixte 2ème et 3èmecl. : BC-201 à BC 203, où les sièges et dossiers étaient en drap bleu.
  • voitures de 3ème cl. : C-321 à C-325.

Pendant la Seconde Guerre, elles étaient surtout affectées au transport du personnel de la Poudrerie de St-Médard. Retirées du service avant 1950, leurs châssis ont été vendus à la Cellulose du Pin en 1954. Ironie du sort, elles ont été transformées en wagons plats, ce qui a renvoyé ces châssis à leur statut originel de wagons à marchandises.

Voitures de la Cie du Paris-Orléans

Il s’agit de 16 voitures à 5 compartiments à portières latérales revendues par les chantiers Riquet. Les banquettes étaient rembourrées. L’éclairage était assuré par des lampes à pétrole système Shallis et Thomas, fréquentes sur ce réseau. Sur les 340, 341, 343 à 345, 348 et 349 ces lampes ont été remplacées par de l’éclairage électrique. Le chauffage à la vapeur et le frein continu Wenger a été installé sur au moins une partie de ces voitures.

  • voitures mixte 2ème et 3ème cl. : BC-210 à BC 212, de 20 places en 2ème cl. et 30 en 3ème cl. Longueur hors-tout : 9,80 m., sauf la BCf-212 qui était équipée de deux vigies.
  • voitures de 3ème cl. à 50 places et deux vigies :
    – Cf 611, Cf 340, Cf 341 : longueur 9,87 m.
    – C 342 à C 346 : longueur 9,30 m.
    – C 347 à C 351 : 9,08 m.

    Voiture Cf-611 ex P.O., portant encore ses marquages P.O-MIDI.

    Voiture du même type que la Cf 611 en modèle réduit. Le modéliste a reporté la mention « Express » sur le châssis, et aurait donc du placer un marquage P.O. sur la caisse.

Ces voitures circulaient sur Facture-Arès et Bordeaux – Lacanau-Océan, principalement en tant que « train de plaisir ». Au début la Cf 611 était la seule affectée à la ligne du Blayais, mais elle fut rejointe pendant la seconde guerre par les 343, 348 et 351 afin de remplacer les autorails (en raison de la pénurie de carburant, tous les réseaux secondaires connurent un retour momentané à la traction vapeur). En 1931 on constate aussi la présence sur le Blayais des Cf 341, C 344 et C 345.

La 349 a été détruite en 1938. Les voitures mixe 2ème et 3èmecl. étaient hors service avant 1950. Les 340, 341, 342 et 346 détruites en 1957 et 1958. Les 343, 347, 348, 350, 351 et 611 ont été vendues à la Cellulose du Pin pour être transformées en wagons plats.

Les voitures Camarsac

Depuis 1913 la S.E. de la Gironde exploitait la ligne du Tramway de Floirac à Camarsac pour le compte des TEOB, mais avec le matériel d’origine de cette ligne. Le 9 janvier 1923 les TEOB mirent en service leur matériel électrique sur la ligne, et la S.E. de la Gironde se retira le même jour, le matériel d’origine passant alors sur le réseau de la S.E. , incluant 12 voitures voyageurs.

L’accès se faisait par plateformes d’extrémité. Leur empattement était l’un des plus court, faisant seulement 2,60 m., et leur longueur était la plus courte de toutes les voitures du réseau avec 7,88 m., excepté pour les voitures-salon. D’origine elles étaient munies du frein à vis, mais sur la ligne de Camarsac elles avaient reçu le frein à vide Clayton (qui fut démonté par la suite).

  • voitures mixtes ADf 1 à ADf 4 : 1 compartiment de 1ère classe « coupé », c’est-à-dire, comme pour les automobiles, doté de vitres sur une extrémité, offrant ainsi une vue semi-panoramique. L’autre partie de la voiture étant un compartiment à bagages. L’ADf 1 fut mise en service sur Lacanau, puis sur le Blayais. Puis vers 1930 elle rejoint  les ADf 2 et ADf 3 pour servir de remorques d’autorail, la 1ère cl. n’étant pas nécessaire aux Train de plaisir. L’ADf 4 fut modifiée par suppression de la cloison de séparation, puis devint wagon de secours du dépôt de Lacanau, ce qui lui évita la destruction.
  • voitures de 3ème cl. Cf 51 à Cf 58 : initialement Bf (2ème cl. avec frein) sur Camarsac (où il n’y avait pas de 3ème cl.), elle devinrent 3ème cl. une fois transférées sur le réseau de la S.E. Elles offraient 32 places assises. Elles furent utilisées en renfort sur Bordeaux – Lacanau-Océan et sur Facture-Arès. Les 51 et 56 devinrent des remorques d’autorail, les 52, 53 et 55 poursuivirent leur service après 1940, puis toutes les voitures furent retirées en 1950 et détruites en 1956.

La voiture ADf-4 ayant survécu à Lacanau dans sa configuration de voiture du train de secours, elle fut récupérée par l’ABAC, transférée au Musée de Marquèze, puis finalement cédée au TTGM au début des années 1980 où elle se trouve toujours.

Voiture salon de service

Il s’agit d’un châssis de wagon plat n° H 3001 à empattement de 3 m. sur lequel les ateliers Dyle et Bacalan ont construit en 1884 une caisse de voiture salon en livrée bleu clair, offrant 14 places dans un grand compartiment-salon à 4 fenêtres de chaque côté et lanterneau en toiture, et 8 sur une plateforme fermée.

Elle était confortablement aménagée : intérieur en acajou verni, sièges et parois capitonnées, appuis-tête à franges et galons en passementerie, « lustres » en pâte de verre, moquette épaisse de couleur rouge, baies à vitres biseautées, toilettes à robinetterie en cuivre.

Elle a été utilisée par des cadres, tels que ceux de la Direction ou le Caissier général pour le service de la paie. Elle n’aurait pas porté de numéro, mais seulement le marquage « S.E. » au centre de chaque face.

La date de son retrait du service ne semble pas connue. Une note manuscrite de G. Marchais la mentionne à Arès avant 1939, mais le même indique qu’elle aurait été vendue à l’exploitant de la ligne de La Teste à Cazaux en 1946 ou 1947, étant alors repeinte en vert. Mais avant cela le CG 33 avait demandé, en 1934, le déclassement de la ligne. On peut donc supposer que cette voiture aura été achetée par l’Armée de l’Air.

Prochain article : Les fourgons
Parution reportée à une date pour l’instant non définie. Désolé…

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