Archives de catégorie : Embranchements particuliers

La Gare de brienne

Cette gare exclusivement réservée aux marchandises se trouvait à l’emplacement de l’actuel Marché d’Intérêt National (MIN), quai de Paludate.

On en trouve un plan dès 1861, et sa création, selon les archives, eut lieu en 1866. Elle comportait une « gare maritime » (bâtiment sur un quai en bordure du fleuve) ainsi qu’un entrepôt perpendiculaire.

La gare est détruite par un gigantesque incendie le 2 juillet 1906 : de la résine enflammée par accident dans l’entrepôt se répand depuis des fûts parmi un stock des poteaux en pin sur un hectare et demie ; le feu embrase 37 wagons, le ponton sur la Garonne, deux gabares, le domicile du chef de gare et les bureaux de la douane !

Bien plus tard la gare devint le marché de viandes en gros, puis le MIN. C’est à l’occasion de cette dernière mutation, tournée vers le transport routier, que l’activité ferroviaire prit fin. Les voies subsistantes sont restées embranchées sur le faisceau SNCF d’Armagnac, puis elles ont été coupées fin 2018. Il en reste un croisement entre celles-ci et les voies du Tram, entre les stations Belcier et Carle Vernet.

Lorsqu’on compte les gares de Bordeaux on arrive généralement à 10 gares, mais en omettant celle de Brienne, sans doute parce qu’elle a toujours été réservée aux marchandises.

La Caserne Niel

On ne sait pas grand-chose sur l’embranchement ferroviaire de la Caserne Niel.

Historiquement, côté quais, les grands bâtiments des Magasins Généraux ont été très rapidement équipés de voies ferrées, installées le long des murs, raccordées par une multitude de plaques tournantes, les wagons étant manœuvrés par des chevaux. Entre les bâtiments, un faisceau de 3 voies était raccordé à la voie des quais.

Mais du côté de la Gare d’Orléans, un autre raccordement a été créé plus tardivement, traversant la rue aujourd’hui nommée « rue de la Rotonde ».

Rien ne permet de savoir si une voie raccordait ces deux équipements à travers la caserne. C’est peu probable, car les voies côté quai ne présentaient, pour les militaires, aucun intérêt en terme de desserte.

Le raccordement côté gare d’Orléans ne figure sur aucun plan, du moins à notre connaissance. Mais on sait, par un témoin direct, qu’un train transportant du personnel militaire en est parti le 1er mars 1966 en direction d’une base française en allemagne.

1918 Les wagons américains

Le Centenaire de l’Armistice de 1918 est l’occasion de se souvenir de la modernisation du Port de Bassens par les américains. Celle-ci a été opérée entre 1918 et 1919, après qu’ils aient perdu 6 à 8 mois en controverses sur les catégories de grues à installer. A l’été 1918, seulement 8 portiques sur rails étaient en essai sur des appontements trop faibles. Les installations ne furent achevées qu’en 1919, alors que les américains avait intialement projetté de faire de Bassens leur plus grand port. Mais la signature de l’Armistice leur causa quelques frustrations… Pour autant « New Bassens » était bel et bien réalisé.

La flotte marchande (anglaise pour une grande part) est insuffisante en regard du besoin. On élimine les temps morts par l’équipement en éclairage électrique des quais pour décharger de nuit. Le personnel fonctionne en gros en trois huit si nécessaire. Les grues sont électriques, et non à vapeur. On s’efforce de ne rien poser sur le quai. De la soute du cargo on passe directement au wagon tant que la marchandise le permet.

Les installation ferroviaires de « New Bassens » sont encore quasiment dans leur état d’origine, telle que les américains les ont réalisées.

(cf. note de Daniel Vauvillier Cercle Historique du Rail Français).

Aujourd’hui la mémoire portuaire nous amène à celle de navires anciens et de la manutention de leurs impressionnantes cargaisons. Mais en rester là revient à oublier que les hommes et les marchandises devaient aussi être acheminés par le rail. A l’époque, aucun port ne pouvait exister sans le transport ferroviaire, tout ce qui était transporté par la mer et le fleuve l’était également par le rail.

Aussi l’évocation du port américain de Bassens ne peut omettre les 37.000 wagons à marchandises construits par les américains à La Rochelle et qui ont ensuite été affectés dans les différents ports à usage militaire.

Un des premiers wagons couverts USA 1918 montés à La Rochelle de 1918 à 1919. DR Cercle Historique du Rail Français.

Ces wagons ont longtemps été connus sour l’appellation « TP », car distribués ultérieurement par le Ministère des Transports Publics. Mais l’appellation correcte est « USA 18 ». A l’époque ils arborent des marquages USA car ils restent propriété du Gouvernement américain. Mais une inscription en français rappelle les ports d’attache aux cheminots de la SNCF : « Wagon américain à retourner à l’une des gares de St-Nazaire, Bassens, La Rochelle, La Pallice, Brest ».

A l’occasion du Centenaire de l’Armistice de 14-18, cinq wagons classés Monuments Historiques ont été restaurés dans leur état d’origine par le Train des Mouettes (Saujon, Charente-Maritime) : 2 couverts, 2 plats, 1 tombereau, 1 citerne.

Wagon couvert USA 1918 restauré par l’association Trains &Traction, exposé à La Rochelle en novembre 2017.

Deux d’entre eux ont été exposés à La Rochelle du 9 au 19 novembre 2017 à La Rochelle, une cérémonie ayant eu lieu le 11 en présence de M. Daniel Hall, Consul des Etats-Unis à Bordeaux.

Allocution de M. Daniel Hall, Consul des USA à Bordeaux

Allocution de M. Pierre Verger, Président de Trains & Traction

Ces wagons ont été présentés M. Daniel Hall, Ambassadeur des U.S.A à Bordeaux, et à une délégation de la Marine Américaine, en Juin 2018 et ont circulé sur les 27 km. de la ligne du Train des Mouettes lors de la « Semaine Américaine ».

Cette réalisation a reçu le label américain U.S. World War 1 Centennial Commission.

Un numéro hors-série « Les wagons USA de 1918 » de Rails d’Autrefois a été consacré à l’histoire de ces wagons, et constitue l’étude la plus complète jamais réalisée sur ce sujet. Ce numéro est disponible au prix de 25 €.

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Raccordements et Embranchements particuliers

Les voies des Queyries

En 2012 les quais des Queyries et Brazza étaient encore équipés de voies ferrées encadrant une chaussée de pavés. De part et d’autres, des embarcations bien fatiguées montraient quelle avait été la vie du Quai des Queyries : le fleuve et le chemin de fer, ensemble et indissociables. Tout cela était, en 2012, bien fini. Mais fallait-il en éliminer les dernières traces ? Rien n’est moins sûr !Bordeaux Queyries barques

2005 : quand Queyries avait encore une âme, faite de pavés, de rails et de bateaux. Une poésie que l’on n’a pas su conserver.

Vers l’intérieur des terres, la bande de terrain comprise entre la rue des Queyries et la Garonne était traversée par des faisceau de triage encore bien visibles. En 2013, certains ont déjà disparu. En 2015, le réaménagement de la zone Queyries-Brazza, – depuis les Grands-Moulins de Paris jusqu’à l’ex site Soferti – aura tout effacé, ou presque.

Que restera-t-il de cette activité qui aura duré près d’un siècle ? Les images sont très rares, les écrits le sont encore plus, alors que désormais les bordelais risquent d’avoir oublié ces installations ferroviaires.

Gare d'Orl. 1979 faisceau A-C

Vers 1979, sur le côté de la rotonde des locomotives.
Les rails brillants témoignent d’un trafic fret encore quotidien.
Au fond, on distingue la gare d’Orléans.

De nos jours, seuls les Grands Moulins de Paris sont encore desservis. L’utilité de cette voie ferrée, héritage de la Compagnie du Paris-Orléans, est plus vérifiable que jamais, car sans elle 50 semi-remorques traverseraient chaque semaine le futur éco-quartier. Une contradiction majeure qui n’échapperait certainement pas aux futurs riverains…

Pour rejoindre le Réseau Ferré National, les trains des Grands-Moulins de Paris doivent longer la rue des Queyries puis franchir la rue Lajaunie. Ils empruntent pour cela une voie unique, mais qui est encore accompagnée par plusieurs voies formant un faisceau que les bordelais ont perdu de vue, c’est le cas de le dire. Le site est pourtant étonnant : on y perçoit encore la puissance de l’activité ferroviaire des années 50, avant que l’activité fret SNCF ne s’effondre.

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 PO-faisceau-direction-Sud-P3080170Un site perdu de vue ? Le dernier coup œil possible fut organisé le samedi 13 septembre 2014 au soir, grâce à des circulations de type touristique organisées par la Mairie de Bordeaux, avec une remarquable complicité de la SNCF. Mais le faible nombre de place, le créneau horaire à la nuit tombée et la section de voie choisie ne montra, à vrai dire, pas grand-chose à quelques centaines de personnes tout au mieux. Espérons que cette initiative aussi surprenante qu’appréciable puisse être renouvelée avec une approche plus patrimoniale. C’est justifié au plan culturel, quant au plan technique, c’est parfaitement faisable (la SNCF n’avait-elle pas acheminé pour l’occasion les baladeuses du train touristique de la Pointe-de-Grave ?).

La Halle des Magasins Généraux

Lorsque la Compagnie de Paris à Orléans établit sa gare à La Bastide en 1852, les Magasins Généraux possèdent quatre gigantesques entrepôts sur les quais de Queyries (entrée de la Caserne Niel). Un seul est parvenu quasiment intact jusqu’à nous, c’est celui qui héberge aujourd’hui le projet Darwin.

A gauche du grand portail d’entrée la façade du bâtiment arbore une proue de navire. A droite, sur une façade identique, figurait autrefois l’avant d’une locomotive. Le fleuve et le rail… tout un symbole.

Car les Magasins Généraux ont bien compris l’intérêt du chemin de fer. C’est pourquoi ils font immédiatement édifier une halle à marchandises dont le volume est spectaculaire. En effet, une halle ferroviaire normale n’est constituée qu’en rez-de-chaussée pour un stockage très bref. Les Magasins Généraux, eux, devaient par contre stocker sur le moyen terme (notamment les marchandises « warrantées », c’est-à-dire déposées en garantie).

Halle des MG, façade
La Halle des Magasins Généraux de Bordeaux Bastide. En 2003 le bâtiment révèle encore ses lignes et proportions magnifiques.

La guerre de 1870 est, pour l’Armée, impulsée par le Maréchal Niel, le prétexte qui va permettre de réquisitionner les Magasins Généraux. Ceux-ci se replient alors sur la Halle. Si, à l’origine, celle-ci voyait les wagons manœuvrés par des chevaux (ce qui se faisait dans toutes les gares), il fallut alors voir plus grand, et on modernisa l’embranchement pour y faire entrer des trains tractés par des machines.

En 1900 le Compagnie du P.O. est saturée de marchandises. Elle rachète la halle des Magasins Généraux ainsi que toutes les voies attenantes. A partir de ce moment, tout les terrains des Queyries, qui étaient jusque là des vignobles pourvues de leurs maisons de maîtres et de leurs chais, vont être progressivement bordés d’usines, tandis que des voies ferrées s’insèrent entre les parcelles de vigne.

Cet heureux mélange des genre signe la fin de la production viticole de La Bastide. En 1920 les voies ferrées et les usine menacent les derniers hectares de vigne. En 1940 tout est converti, le quartier est industriel, les voies ferrées desservant les usines et les quais forment une toile d’araignée d’une densité véritablement extraordinaire. Tout cela ne durera que peu de temps.

Peu avant la Seconde guerre mondiale l’activité du faisceau de voies est à son apogée. Dans les années 50 le dépôt des autorails de Bordeaux est installé exactement là où se trouve aujourd’hui le dépôt du tramway. A cette époque les dernières maisons de maîtres des anciennes propriété viticoles des Queyries existent encore…

Puis l’activité subit une baisse régulière, tandis que la Gare d’Orléans n’est plus que l’ombre d’elle-même, et que seule subsiste une activité fret, mais plus pour longtemps. Pendant des années encore, la SNCF continuera de désigner la Halle et son faisceau par le terme de « Magasins Généraux ».

SNCF-Magasins-Généraux Bordeaux
Dernier vestige de l’activité SNCF à la Halle des Magasins Généraux de La Bastide.

En 2001, la Halle reçoit son dernier train : il s’agit d’une rame de wagons plats portant les premiers rails du tramway de Bordeaux, reçus lors d’une cérémonie qui ne semble guère avoir laissé d’images. On peut le regretter… La Halle abrite alors toutes les fournitures nécessaires au chantier du tram. A l’intérieur se trouve une relique : un « poulain », sorte de brancard servant à charger les tonneaux de vin dans les wagons… Les ouvriers qui travaillent sur le site ne cessent d’admirer l’extraordinaire ossature en charpente qui rempli le volume de la bâtisse. Ils seront quasiment les derniers à l’avoir vue.

PO Halle MG int charpente1

PO Halle MG int quai gauche2

PO faisceau halle 2003
Septembre 2003 : la halle est encore environnée d’activités ferroviaires, mais plus pour longtemps.

En 2007, dans le but de susciter l’intérêt de la Ville de Bordeaux pour le bâtiment, une présentation de la Halle est faite devant plusieurs chefs des services municipaux. Un CD-ROM avait été spécialement réalisé pour l’occasion.

CD-Rom ayant servi de base, en 2007, à la présentation de la Halle des Magasins Généraux à plusieurs chefs de services de la Ville de Bordeaux. Ce fut le point de départ de sa sauvegarde.

Agnès Vatican, alors Directrice des Archives Municipales, choisit la Halle comme futur siège pour son service qu’on savait à l’étroit depuis longtemps… Mais la nuit même précédent l’annonce officielle, un incendie ravage la Halle ! La splendide charpente, le monte-charge en bois, la glissière de descente, les persiennes typiques… tout à disparu, il ne reste que les quatre murs. Les commentaires vont alors bon train : il faut dire que d’autres incendies avaient déjà frappé des bâtiments ferroviaires abandonnés par le passé (ex Gare d’Orléans, ex halle marchandise de Bordeaux-Deschamps).

incendie entrepots bastide

En 2013-2014 les travaux de transformation sont effectués. La géométrie originale de la Halle est en quelque sorte « avalée » par des volumes supplémentaires, mais la Halle reste compréhensible si on la regarde depuis le sud-est. Inversement, côté nord-ouest, une aile perpendiculaire fait disparaître son caractère ferroviaire.

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La rénovation du bâtiment avait prévu la conservation de rails dans le glacis, afin de rappeler le passé ferroviaires de la Halle. Malheureusement, les suggestions faites en temps voulu n’ont pas été entendues, alors qu’elles auraient permi une valorisation largement plus évocatrice.
Il s’agissait de la partie nord du faisceau, enchassé dans le pavé. En mai 2011, lors d’une visite organisée par les Archives Municipales, l’endroit avait suggéré à une élève de l’Ecole Nuyens cette phrase : « C’est beau, les rails ! ». La vérité sort de la bouche des enfants, dit-on. Les architectes feraient bien, parfois, de les écouter.

Visite de la Halle des Magasins Généraux avec Cyrille Lopes (Archives Municipales) et Alain Cassagnau, ci-dessus. Au centre de l’image, une fillette regarde à ses pieds et fait ce constat : « C’est beau, les rails ! ».